Le tapioca est très présent dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, et d’Amérique du sud.
Au Cameroun, il est très adulé en milieu universitaire. En effet, rebaptisé « le sauveur », il est consommé par les étudiants sucré ou salé. La référence au terme sauveur vient du fait qu’on y faisait recours soit en temps de galère et de disette car il était alors disponible à bas prix soit alors pour calmer la faim assez rapidement et maintenir l’estomac plein car, au contact de l’eau, il double de volume. On le consomme très souvent dans ce milieu sucré, en trempant le tapioca dans de l’eau froide, et en y ajoutant du sucre à sa guise, des cacahuètes bouillies ou grillées ou caramélisées et du lait selon son goût. Il peut est également consommé en repas chaud, frit à de l’huile ou sauté. Dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, les populations consomment cet aliment sous forme de « « foufou » accompagné de sauces gluantes ou de légumes. Le coût du tapioca dans les marchés camerounais dépend des saisons mais surtout du flux de manioc, de la demande et de l’offre. En effet, plus il y a du manioc sur le marché, plus il y aura du tapioca ; plus la demande est forte et plus l’offre est moindre et le onéreuse ; le tapioca est beaucoup plus abondant en saison pluvieuse et de ce fait peu couteux qu’en saison sèche. Cette dernière affirmation est due au fait qu’en saison pluvieuse, récolter le manioc est plus aisé car le sol est plus malléable qu’en saison sèche pendant laquelle il est dur.
Ainsi, en période d’abondance de tapioca, les prix varient dans les marchés entre 1600 Francs CFA et 2000 Francs pour le tapioca de couleur jaune dans une contenance d’un seau de 5 litres ; 1800 Francs et 2500 Francs CFA pour la même contenance de tapioca blanc. Mais en période de pénurie, les prix varient entre 2000 Francs CFA et 2500 pour la même contenance de tapioca jaune ; 2500 Francs et 3000 Francs pour 5 litres de tapioca blanc.
Outre le Cameroun qui fabrique et consomme abondamment le tapioca, de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest en ont fait leur aliment de base. En effet, une étude menée au Bénin montre que la consommation du tapioca dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest est ancrée dans les habitudes des populations, principalement celles du Nord et du Sud du pays. Cette consommation est estimée à environ 100g par habitant par jour. Ceci correspond à un volume de marché intérieur de cent quatre-vingt-dix mille tonnes environ. Dans ce pays, l’offre étant très inférieure à la demande, les prix varient entre 200 Francs CFA et 500 Francs CFA par kilogramme.
Appelé Gari au Togo, au Bénin, au Nigéria ainsi qu’en Côte d’Ivoire, il a une saveur légèrement fermenté et son goût est quelque peu aigre. Les populations le consomment après l’avoir reconstitué dans de l’eau bouillie à 100° C. Ensuite, on le laisse reposer pendant au moins cinq minutes et il se transforme en une pâte épaisse appelée Eba dont la saveur est légèrement aigre. On l’accompagne de sauce au choix.
Le tapioca est également très présent en Amérique du Sud. Péruviens, mexicains, argentins, guyanais, brésiliens, paraguayens et colombiens en font grand usage en cuisine. Au Brésil par exemple, c’est un ingrédient qui sert à épaissir les sauces à l’instar de la féijoada. Il est également utilisé dans la préparation des crêpes salées ou sucrées. Les mexicains quant à eux s’en servent en substitut du riz pour réaliser la recette du riz au lait et font également des chips au tapioca.
En Asie, les chinois confectionnent des plats sucrés ou salés pour leur petit déjeuner avec des perles de tapioca. C’est une pratique très usuelle également en Taiwan où on utilise ces perles de tapioca dans des boissons chaudes ou fraîches ou pour faire des thés variés. Les perles de tapioca sont faites sous plusieurs formes avec des tailles différentes. Une entreprise thaïlandaise produit des assiettes biodégradables à base de tapioca. Par ailleurs, lorsqu’il est re-dissout, il sert également de lubrifiant pour les moteurs de véhicules. Il est à noter que dans ce pays, l’un des plus grands secteurs de transformation alimentaire est celui de la transformation des racines de manioc en tapioca.
Le tapioca est également adulé par les européens à l’instar des français. En effet, il est fabriqué et commercialisé en France pour la première fois par Thomas Groult, propriétaire du Bazar des Pâtes. En 1837, il installe ses bâtiments à Vitry-sur-Seine où se faisait la fabrication de ce produit à base de farine de manioc qu’il importait des Antilles préalablement, puis du Brésil. L’activité autour du tapioca, qu’il s’agisse de sa fabrication et de sa commercialisation, très vite fera la renommée de la famille Groult. En 1967, elle s’associe à la maison Billard pour fonder la société Tipiak.